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christianisme primitif

  • L’Église primitive était-elle parfaite ?

    les 12 apotres (Romain Cazes 1810-81).jpg

    (Les douze apôtres, Romains CAZES 1810-81)

    L’Église chrétienne du 1er siècle vivait-elle sans querelle ni division ?
    Le Nouveau Testament nous montre une situation complexe
    ...


    L’idéal des origines pures

    Les Pères de l’Église (théologiens chrétiens des premiers siècles) ont soutenu que l’orthodoxie précédait l’hérésie, c’est-à-dire que la Grande Église, s’inscrivant dans la succession apostolique et détentrice de la juste doctrine, aurait été parasitée par des éléments hétérogènes. En réalité l’Église constantinienne (devenue religion d’Empire au 4ème s. après la conversion de Constantin) a imposé sa théologie parmi une multiplicité de courants, et les a éradiqués, parfois par la force.

    Mais en amont de cette évolution historique, les premières communautés chrétiennes du Nouveau Testament coexistaient-elles dans l’unité ? Les apôtres vivaient-ils en bonne intelligence les uns avec les autres ? Les récits bibliques nous poussent à questionner cet idéal d’une perfection originelle.

    La tentation du pouvoir

    La question d’obtenir une place dominante ou de commander est récurrente dans les évangiles. En Marc 9,33-37, les disciples discutent entre eux pour “savoir qui était le plus grand”. Un petit enfant est alors pour Jésus l’exemple de la vraie grandeur, dans sa fragilité et son humilité.

    Puis Marc 9,38-40 pose explicitement la question de la coexistence de communautés chrétiennes diversifiées, voire d’électrons libres se réclamant du Christ. La réponse de Jésus est claire : aucun groupe chrétien n’a le droit d’exclure, “d’excommunier” un autre groupe pour cause de non-appartenance à la même communauté («il ne suit pas avec nous»).

    Ainsi, en Marc 10,35-45, Jacques et Jean demandent à Jésus de siéger aux meilleures places dans sa gloire. Jésus, inversant les hiérarchies politiques, les renvoie à sa propre condition de serviteur offrant sa vie, et leur demande d’adopter à leur tour l’attitude du service.

    Ces textes offrent sans doute l’écho de conflits de pouvoir existant à l’époque de l’écriture des évangiles lorsque certains apôtres, ou leurs successeurs cherchaient à établir la prééminence de leur communauté sur les autres.

    Divergences théologiques et conflits culturels

    Plusieurs affrontements sont connus au sein de l’Église primitive : entre juifs de Jérusalem et juifs hellénistes (Actes 6,1-7), ou le schisme au sein de la communauté johannique (1 Jean).

    Un troisième conflit, celui entre les communautés pauliniennes et les communautés jérusalémites, représentées par Pierre et Jacques frère du Seigneur est évoqué par Paul dans sa Lettre aux Galates, et Luc en donnera une version pacifiée en Actes 15. La version de Galates 2 montre que le conflit fut violent et que Paul se retrouva isolé face à Pierre, aux partisans de Jacques et même à son allié Barnabas. La divergence s’exprimait à travers des pratiques religieuses : fallait-il obliger les chrétiens d’origine païenne à suivre les préceptes du judaïsme, comme le faisaient les judéo-chrétiens ? La réponse était “oui” pour Jacques, et “non” pour Paul. Mais derrière ce différend doctrinal apparaissaient d’autres questions : y avait-il légitimement une prééminence de ceux qui avaient initié le christianisme (les judéo-chrétiens) sur les Grecs (les pagano-chrétiens) qui l’avaient reçu ? L’élaboration doctrinale du christianisme devait-elle se faire sur la base de la répétition (le judaïsme serait transplanté tel quel dans le christianisme) ou sur la base de l’inculturation (le judaïsme s’intègrerait en s’adaptant à une culture tout autre) ? L’histoire verra triompher le parti de Paul l’emporter avec une refondation sur une base universaliste.

    Néanmoins ce conflit continue d’interpeller le croyant d’aujourd’hui, car il met en évidence la tentation de domination d’un groupe sur un autre au sein d’une même religion, ou d’exportation hégémonique et sans respect d’une religion au sein d’une culture étrangère. Renonçant à une image idéalisée de l’Église primitive, nous découvrons alors dans ces récits des situations qui interrogent nos schémas ecclésiaux ou missionnaires.

    Christine PRIETO

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    (l'article ci-dessus est paru en 2008 dans Paroles Protestantes)

    —•o0o•—

    En lien avec cet article, lire :

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    (Pierre, Paul, Jacques et Jean, portail de gloire à St Jacques de Compostelle)

  • Une diversité originelle, “le groupe des Hellénistes”

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    --(Philippe et Jacques le Mineur, bréviaire de Martin d'Aragon, XVème s.)


    Confrontant les Hébreux(lire la note qui leur est consacrée), les textes du Nouveau Testament nous permettent de connaître l'existence d'un autre groupe composant le christianisme des premières décennies : “les Hellénistes”. Le livre des Actes (6,1s.) nous les présentent explicitement comme en conflit avec “les Hébreux”.

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  • Une diversité originelle, “la communauté de Jérusalem”

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    (Carte de Jérusalem, mosaïque de Madaba-Jordanie)

    Poursuivons la découverte des différents mouvements au sein du christianisme des premières décennies après Jésus :
    A côté des missionnaires galiléens autour de Pierre, et des cercles de sagesse se radicalisant, les textes du Nouveau Testament nous permettent de connaître l'existence de deux autres groupes composant le christianisme des origines ...

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  • Actes 7,1—8,1, “Prédication et lapidation d'Etienne”

    (Après que les apôtres aient désigné sept membres du groupe des Hellénistes, dont Etienne, pour gérer l'entraide sociale parmi les premiers chrétiens de Jérusalem, ce dernier se lance aussitôt dans une longue prédication où il retrace de façon critique toute l'histoire du peuple hébreu jusqu'à Jésus ; ceci, alors même que les apôtres s'étaient réservé "le service de la Parole”, laissant aux hellénistes “le service des tables”. Le discours d'Etienne exaspère son auditoire à un tel point qu'il finit lapidé par la foule ! ...)

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    (enluminure du bréviaire de Martin d'Aragon XVème s.)

    Actes des apôtres
    Chapitre 7, verset 1 jusqu'au chapitre 8, verset 1


    (1) ... Le Grand Prêtre demanda à Etienne : “Cela est-il exact ?”
    (2) Étienne répondit : «Frères et pères, écoutez.
    Le Dieu de gloire est apparu à notre père Abraham
    quand il était en Mésopotamie, avant d'habiter à Charan.
    (3) Et il lui a dit : “Quitte ton pays et ta famille
    et va dans le pays que je te montrerai.

    (4) Abraham quitta alors le pays des Chaldéens pour habiter à Charan. De là, après la mort de son père,
    Dieu le fit passer dans ce pays que vous habitez maintenant.
    (5) Il ne lui donna aucune propriété dans ce pays,
    pas même de quoi poser le pied,
    mais il promit de lui en donner la possession
    ainsi qu'à sa descendance après lui,
    bien qu'Abraham n'eût pas d'enfant.
    (6) Et Dieu parla ainsi :
    Sa descendance séjournera en terre étrangère,
    on la réduira en esclavage et on la maltraitera pendant quatre cents ans.
    (7) Mais la nation dont ils auront été les esclaves,
    je la jugerai, moi, dit Dieu,
    et après cela ils sortiront et me rendront un culte en ce lieu.

    (8) Il lui donna l'alliance de la circoncision
    et c'est ainsi qu'ayant engendré Isaac,
    Abraham le circoncit le huitième jour.
    Isaac fit de même pour Jacob, et Jacob pour les douze patriarches.

    (9) «Jaloux de Joseph, les patriarches le vendirent
    pour être mené en Égypte. Mais Dieu était avec lui ;
    (10) il le tira de toutes ses détresses et lui donna grâce
    et sagesse devant le Pharaon, le roi d'Égypte,
    qui l'établit gouverneur sur l'Égypte et sur toute sa maison.
    (11) Or il survint une famine dans toute l'Égypte et en Canaan
    ;

    la détresse était grande, et nos pères n'arrivaient plus à se ravitailler.
    (12) Ayant appris qu'il y avait des vivres en Égypte,
    Jacob y envoya nos pères une première fois;
    (13) la deuxième fois, Joseph se fit reconnaître par ses frères,
    et son origine fut révélée au Pharaon.
    (14) Joseph envoya alors chercher Jacob son père
    et toute sa parenté, en tout soixante-quinze personnes.
    (15) Jacob descendit donc en Égypte,
    et il y mourut ainsi que nos pères.
    (16) On les transporta à Sichem et on les déposa
    dans le sépulcre qu'Abraham avait acheté
    à prix d'argent aux fils d'Émmor, père de Sichem.

    (17) «Comme approchait le temps où devait s'accomplir
    la promesse solennelle que Dieu avait faite à Abraham,
    le peuple s'accrut et se multiplia en Égypte,
    (18) jusqu'à l'avènement d'un autre roi d'Égypte,
    qui n'avait pas connu Joseph.
    (19) Perfidement, ce roi s'en prit à notre race :
    sa malveillance envers les pères alla jusqu'à leur faire exposer leurs nouveau-nés pour les empêcher de vivre.
    (20) C'est en ce temps-là que naquit Moïse ;
    il était beau aux yeux de Dieu.
    Pendant trois mois, il fut élevé dans la maison de son père
    (21) et, lorsqu'il fut exposé, la fille du Pharaon le recueillit
    et l'éleva comme son propre fils.
    (22) Moïse fut initié à toute la sagesse des Égyptiens,
    et il était puissant en ses paroles et en ses actions.

    (23) «Quand il eut quarante ans accomplis,
    l'idée lui vint de se rendre parmi ses frères, les Israélites.
    (24) Voyant l'un d'eux mis à mal, il en prit la défense
    et, pour venger ce frère maltraité, il frappa l'Égyptien.
    (25) Il pensait faire comprendre à ses frères que Dieu,
    par sa main, leur apportait le salut ;
    mais ils ne le comprirent pas.
    (26) Le jour suivant, on le vit intervenir dans une rixe
    pour essayer de réconcilier les adversaires :
    Amis, leur dit-il , vous êtes frères, pourquoi vous malmener ?
    (27) Mais celui qui maltraitait son compagnon repoussa Moïse en ces termes : “Qui t'a établi chef et juge sur nous?
    (28) Veux-tu me tuer comme tu as tué hier l'Égyptien ?

    (29) A ces mots, Moïse s'enfuit et se réfugia à l'étranger
    dans le pays de Madiân, où il eut deux fils.

    (30) «Au bout de quarante ans, un ange lui apparut au désert du mont Sinaï, dans la flamme d'un buisson en feu.
    (31) Moïse, étonné par cette vision, voulut s'approcher pour regarder ; la voix du Seigneur se fit entendre:
    (32) “Je suis le Dieu de tes pères, le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob.” Tout tremblant, Moïse n'osait plus regarder.
    (33) Alors le Seigneur lui dit : “Ote les sandales de tes pieds,
    car le lieu où tu te tiens est une terre sainte.
    (34) Oui, j'ai vu la misère de mon peuple en Égypte
    et j'ai entendu son gémissement ;
    je suis descendu pour le délivrer.

    Et maintenant, va, je veux t'envoyer en Égypte.”

    (35) «Ce Moïse qu'ils avaient rejeté par ces mots :
    Qui t'a établi chef et juge sur nous ?”,
    c'est lui que Dieu a envoyé comme chef et libérateur,
    par l'entremise de l'ange qui lui était apparu dans le buisson.
    (36) C'est lui qui les a fait sortir d'Égypte en opérant des prodiges et des signes au pays d'Égypte, à la mer Rouge et au désert pendant quarante ans.
    (37) C'est lui, Moïse, qui a dit aux Israélites :
    Dieu vous suscitera d'entre vos frères un prophète comme moi.
    (38) C'est lui qui, lors de l'assemblée au désert, se tenait entre nos pères et l'ange qui lui parlait sur le mont Sinaï ; c'est lui qui reçut des paroles de vie pour nous les donner.
    (39) Mais nos pères ne voulurent pas lui obéir; ils le repoussèrent et retournèrent par la pensée en Égypte.
    (40) Ils dirent en effet à Aaron : “Fais-nous des dieux qui marchent à notre tête ; car ce Moïse qui nous a fait sortir du pays d'Égypte, nous ne savons pas ce qu'il est devenu.
    (41) Ils façonnèrent un veau en ces jours-là,
    offrirent un sacrifice à cette idole
    et célébrèrent joyeusement l'œuvre de leurs mains.
    (42) En retour, Dieu les livra au culte de l'armée du ciel,
    comme il est écrit dans le livre des prophètes :
    M'avez-vous offert victimes et sacrifices pendant quarante ans au désert, maison d'Israël ?
    (43) Vous avez porté la tente de Moloch et l'astre de votre dieu Rephân, ces images que vous avez faites pour les adorer. Aussi vous déporterai-je au-delà de Babylone.


    (44) «Nos pères au désert avaient la tente du témoignage :
    celui qui parlait à Moïse lui avait prescrit de la faire
    selon le modèle qu'il avait vu.
    (45) Nos pères, l'ayant reçue, l'introduisirent, sous la conduite de Josué, dans le pays conquis sur les nations que Dieu chassa devant eux ; elle y fut jusqu'aux jours de David.
    (46) Celui-ci trouva grâce devant Dieu et demanda la faveur de disposer d'une résidence pour le Dieu de Jacob.
    (47) Mais ce fut Salomon qui lui bâtit une maison.
    (48) Et pourtant le Très-Haut n'habite pas des demeures construites par la main des hommes. Comme dit le prophète :
    (49) “Le ciel est mon trône et la terre un escabeau sous mes pieds.
    Quelle maison allez-vous me bâtir, dit le Seigneur,
    et quel sera le lieu de mon repos ?
    (50) N'est-ce pas ma main qui a créé toutes ces choses ?


    (51) «Hommes à la nuque raide, incirconcis de cœur et d'oreilles, toujours vous résistez à l'Esprit Saint ;
    vous êtes bien comme vos pères.
    (52) Lequel des prophètes vos pères n'ont-ils pas persécuté ?
    Ils ont même tué ceux qui annonçaient d'avance la venue du Juste, celui-là même que maintenant vous avez trahi et assassiné.
    (53) Vous aviez reçu la Loi promulguée par des anges, et vous ne l'avez pas observée.»

    (54) Ces paroles les exaspérèrent
    et ils grinçaient des dents contre Étienne.
    (55) Mais lui, rempli d'Esprit Saint, fixait le ciel :
    il vit la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu.
    (56) “Voici, dit-il, que je contemple les cieux ouverts
    et le Fils de l'homme debout à la droite de Dieu.”
    (57) Ils poussèrent alors de grands cris,
    en se bouchant les oreilles.
    Puis, tous ensemble, ils se jetèrent sur lui,
    (58) l'entraînèrent hors de la ville et se mirent à le lapider.
    Les témoins avaient posé leurs vêtements aux pieds d'un jeune homme appelé Saul.
    (59) Tandis qu'ils le lapidaient,
    Étienne prononça cette invocation :
    “Seigneur Jésus, reçois mon esprit.”
    (60) Puis il fléchit les genoux et lança un grand cri :
    "Seigneur, ne leur compte pas ce péché.”
    Et sur ces mots il mourut.
    8(1) Saul, lui, était de ceux qui approuvaient ce meurtre.
    En ce jour-là éclata contre l'Église de Jérusalem une violente persécution.
    Sauf les apôtres, tous se dispersèrent
    dans les contrées de la Judée et de la Samarie. ...

    (Pour lire la suite, cliquez ici)

    Actes 7,1—8,1 (traduction adaptée
    à partir de la Nouvelle Bible Segond,
    publiée en 2002 par la Société Biblique Française)


    —oOOOo—
    Des notes commentant tel ou tel aspect de ce texte
    seront bientôt mises en ligne.
    D'ores et déjà, lire l'article suivant :
    Une diversité originelle, les Hellénistes, par Patrice Rolin.