La vie n’est pas un long fleuve tranquille…
Que cherche-t-on dans la vie ? Un lac apaisé ou la présence de Dieu ?
Et si ce texte de l’évangile de Marc, souvent appelé « la tempête apaisée », venait travailler cette question ?
A la suite du maître …
Les disciples suivent Jésus et le texte souligne la fluidité de la communication entre eux. Sur l’appel de Jésus « Passons sur l’autre rive » s’enchaîne l’action des disciples qui « l’emmènent » (Marc 4,35), comme s’ils se sentaient en communion avec leur maître. Ils font la plus belle chose que l’on peut faire en tant que chrétien : le maître appelle, on le suit, mais où arrive-t-on ? Dans la tempête !
Mais la tempête vient séparer le maître qui dort paisiblement de ceux qui s’inquiètent de leur sort. Ils ont tout fait comme il fallait : suivre l’appel du maître, aucun pas de travers. Quand ils l’interpellent en 4, 38, ils l’apostrophent comme maître : le mot grec indique l’enseignant. Ils ont suivi son enseignement avec assiduité et pourtant ils se trouvent dans la tempête.
Le texte nous interroge : puis-je accepter qu’il y a des tempêtes dans ma vie sans poser la question du ‘A qui la faute ?’ ou du ‘Pourquoi ?’ L’évangile souligne que la tempête fait partie de la vie, et même de la vie à la suite de Jésus. Il ne suffit pas de croire pour en être dispensé … Une fois que j’ai pu accepter cela, je deviens libre pour des questions spirituelles et, là, Jésus entre en jeu. Il demande :
Pourquoi avez-vous peur ?
Qu’est-ce qui me tient dans la vie ? Dans quelle mesure la peur dirige-t-elle ma vie, influence-t-elle mes décisions, comment je me projette dans l’avenir … Bref : Quelle est la place de la peur dans ma vie ? Et pour aller jusqu’au bout : Qu’est-ce que je demande à Dieu ? Est-ce que je souhaite sa présence ou l’apaisement de ce que je vis ?
Si Jésus interroge ses disciples sur la peur qu’a suscitée en eux la tempête, c’est sur la crainte des disciples que s’achève le texte, une crainte d’ordre religieux, suscitée par la révélation de la puissance de Jésus sur les éléments, une autorité qui le révèle comme fils de Dieu. Le fil rouge s’accroche à l’adjectif « grand » : au « grand vent » succède un « grand calme », puis une « grande crainte » dans le cœur des disciples : les voici face au mystère de l’incarnation. La crainte de Dieu dit cette part de respect face à la transcendance qui s’empare de nous. Il n’y a pas de mot en français pour l’exprimer tandis qu’en allemand c’est le mot « Ehrfurcht ». Une nouvelle question apparaît alors : qui est Jésus ? Avec elle, une nouvelle tempête plus intérieure se déclenche …
Et si la tempête ne s’apaise pas ?
Les tempêtes ne s’apaisent pas toujours. Mais celui qui est toujours là, c’est Lui. Lorsque les disciples appellent Jésus, ils ne lui demandent pas d’intervenir, mais simplement de se soucier d’eux : « maître cela ne te fait rien que nous périssions ? »
Il arrive que la tempête continue… il arrive qu’un grand calme surgisse. L’Évangile invite à accueillir les deux. D’une part on peut s’attendre et on peut demander dans la prière que Jésus prononce le mot apaisant « Silence !» et mette ainsi fin à certaines situations pour les changer en bien. D’un autre côté, on peut être prêt à accepter et à consentir - s’il le faut – à ce que le mot apaisant ne vienne pas … à être dans la tempête avec lui.
‘Passons sur l’autre rive’…
et si cela voudrait dire passer de la recherche de l’apaisement des tempêtes de nos vies à une vie qui se suffit de vivre en présence de Dieu ?
Claudia Heidemann et Odile Roman-Lombard
Membres du service biblique - Région parisienne