L'adoration des bergers - Charles Le Brun
Le chapitre 2 de l’évangile de Luc, du verset 2 au verset 20 raconte la naissance de Jésus. Il y est aussi question de Marie.
Qui est Marie ? La mère de Jésus, la fiancée de Joseph ? Oui assurément. Et ne serait-elle pas aussi et surtout une femme, servante du Seigneur et nourrie de Sa parole ? Le verset 19 « Marie retenait toutes ces choses et y réfléchissait » identifie une femme qui n’est plus seulement qualifiée par ses liens avec son fiancé ou son fils, elle devient un individu agissant en son nom propre.
De mère et fiancée…
Marie, c’est d’abord en Luc 2,5 la fiancée de Joseph, enceinte d’un fils. Joseph se rend à Bethléem pour se faire recenser dans sa ville d'origine, selon l'ordonnance de l'empereur Auguste. Un voyage que Joseph entreprend accompagné de Marie, liée à lui, par l'enfant qu'elle porte.
Au verset 7, « Marie mit au monde son enfant, son fils premier-né. Elle l’emmaillota et l’installa dans une mangeoire. » En un verset de quelques mots, Marie a rapidement pris soin de l’enfant juste né.
Nulle considération sur l’état d’esprit de cette mère qui pour la première fois met au monde, emmaillote et prend soin. Aucun adverbe, ni épithète, aucun complément, aucune coloration émotionnelle ne viennent qualifier ces gestes. Nulle information sur l’état de cette maman, sur le repos éventuel de celle qui vient de faire le voyage de Galilée en Judée, soit 130 km comme nous en informe la note en bas de page de la Nouvelle Bible Segond. Marie existe en étant d’abord la fiancée de Joseph, puis la mère de l’enfant-né. Elle existe à côté de, elle existe par juxtaposition.
Puis du verset 8 au verset 18, l’espace est occupé par ces bergers, précédés par l’ange du Seigneur. Il commence à y avoir du monde, des gens informés de la nature de cette naissance. De cette information, ils vont en éprouver une crainte, bientôt rassurés par l’ange du Seigneur, puis une exaltation, qu’ils ont hâte de faire partager.
Mais Marie ne s’exalte pas, ne s’agite pas. Au verset 19, « elle retient toutes ces choses. » Si nous nous référons aux notes de la NBS, nous apprenons que c’est le même mot « remata », traduit ici par les choses, qui est aussi utilisé en Deutéronome 8,3 pour exprimer « que l’homme ne vit pas de pain seulement mais que l’homme vit de tout ce qui sort de la bouche du Seigneur. ». Ces paroles ici sont « il vous est né un sauveur, qui est le Christ le Seigneur. »
… à servante du Seigneur
Dès Luc 1, verset 35, l’ange Gabriel a informé Marie que l’enfant « qui naîtra sera saint ; il sera appelé Fils de Dieu ». En réponse à cette parole annonciatrice, Marie s’est aussitôt déclarée servante du Seigneur pour donner naissance à Jésus, le fils de Dieu. Alors, Marie au chapitre 2 n’est plus dans le temps de l’exaltation, elle est dans celui du recueillement et de la méditation. Mais, au début de ce chapitre 2, Marie est toujours identifiée comme la femme de, la mère de. C'est seulement après avoir tenu par-devers elle les paroles du Seigneur, qu'elle s’affranchit de son statut de mère et de fiancée. Marie est au service de Dieu en retenant Ses paroles. Et c’est à partir du moment où Marie retient et médite la parole de Dieu qu’elle devient un sujet détaché de sa fonction de mère et de fiancée, qu'elle devient, à la fois, un sujet pensant et une servante du Seigneur.
Guylène Dubois, membre du Service régional d’animation biblique