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TESSARAKONTA, quarante...

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Dans la Bible, les nombres ont souvent une valeur symbolique ; ils n’expriment pas seulement une quantité arithmétique.

L'un des nombres le plus fréquemment utilisé est quarante. On le  trouve dans divers contextes tout au long de la Torah, des prophètes et du Nouveau Testament. Il concerne le plus souvent le temps, une durée assez longue pour manifester un changement - durée d’une génération dit-on, quand il s'agit d'années.

Un mot de la Bible, par Odile Bertrand...

Après avoir égrené quelques exemples pris en différents livres, cette note examine le symbolisme des 40 jours de Tentation du Christ et celui des 40 jours qui séparent Pâques de l’Ascension, pour conclure sur le Carême.

Des exemples dans la Bible hébraïque... 

• Ce nombre 40 est tout d'abord lié à la durée du Déluge, dans le livre de la Genèse quand Dieu se repend d’avoir créé l’homme à cause de la corruption engendrée  : “la pluie se déversa sur la Terre pendant 40 jours et 40 nuits”(Genèse 7,4 et suivants).

• Puis en Genèse 25, il est écrit : “Isaac, à 40 ans, prit  pour femme Rebecca...

• Le livre de l’Exode utilise aussi souvent ce nombre ; un exemple parmi d'autres : “Les fils d’Israël  mangèrent de la manne pendant 40 ans jusqu’à leur arrivée en pays habité”. On comprend leurs récriminations et leurs regrets de la viande et des oignons d'Egypte !

• En Lévitique 12,3-4, il est indiqué qu'une femme qui accouche d’un garçon est impure et que son temps de purification est achevé le 41ème jour (8+33) ; l’impureté provenant du sang qui peut s’écouler.

• Avant de pénétrer en Canaan, la terre promise (Nombres13,1), Moïse envoie 12 hommes pour explorer le pays, chiffre hautement symbolique lui aussi (12 fils de Jacob, 12 tribus d’Israël , 12 apôtres…). Et, en Nombres 13,25, “Ils reviennent de leur exploration au bout de 40 jours” complètement dépités d’ailleurs...

• On retrouve ce même nombre dans les peines prescrites par le code deutéronomiste, ainsi  en Deutéronome 25 : Si un coupable mérite sanction, on lui fera donner 40 coups, pas plus, de peur qu’en lui donnant davantage on ne provoque une blessure grave. Pour être sûr de ne pas dépasser le nombre de 40, on en était arrivé à s’arrêter à 39. Ainsi Paul écrit-il en 2 Corinthiens 11 : “Des juifs j’ai reçu cinq fois les 40 coups moins un, 3 fois j’ai été flagellé, 1 fois lapidé”.  Quelle détermination et quelle endurance dans le témoignage !

• Dans le livre des Juges en divers chapitres 3, 5, 8, lorsque le peuple est opprimé par ses voisins, Dieu suscite régulièrement un sauveur, Othniel, Gédéon ou d'autres... Une fois la l'indépendance rétablie,  ces paroles reviennent alors telles un refrain : “Le pays fut en repos pendant 40 ans. Dans la même veine, 2 Samuel 5 affirme que “David régna  40 ans”.

• Autre situation : avant la confrontation entre David et Goliath, il est écrit qu’en attendant le jour de l'affrontement : “Le Philistin s’avança matin et soir et il se présenta ainsi pendant 40 jours” (1 Samuel17). Voyez sa détermination !

• Dans le 1 Rois 11,42. : “La durée du règne de Salomon à Jérusalem , sur tout  Israël , fut de 40 ans”.

• Et dans 1 Rois 19.8 : “Elie marcha 40 jours et 40 nuits jusqu’à la Montagne de Dieu”.

• Le prophète Ezéchiel utilise lui aussi ce nombre symbolique au chapitre 4  : “Tu porteras le péché de la maison de Juda 40 jours ; je te fixe un jour par année. 40 jours de privation pour 40 ans d’exil” ; c’est le  symbole habituel du temps de pénitence et de châtiment . La punition sera de même durée pour l’Egypte : “Ce pays  sera inhabité pendant 40 ans”.

• Enfin, ces 40 jours se retrouvent aussi dans l'histoire de Jonas (chap. 3) appelant malgré lui les Ninivites à la conversion : “Jonas avait à peine marché une journée en proférant cet oracle : « Encore 40 jours et Ninive sera détruite », que déjà ses habitants croyaient en Dieu !”. Ils ont entrevu dans cette durée la patience d'un Dieu miséricordieux et ont saisi l'occasion de ce délai pour changer de voie.

 ... Et dans le Nouveau testament

Le Nouveau Testament utilise aussi ce symbolisme qu'il reprend de la Bible hébraïque :

• Dans les Actes des Apôtres par exemple, quand dans la synagogue d’Antioche, Paul raconte l’histoire d’Israël, il déclare : « Pendant 40 ans environ, Dieu les nourrit au désert … ; Il leur a donné des Juges … ils ont alors réclamé un roi ; Dieu leur a donné Saül … qui régna  40 ans » (Actes 13) ; et plus loin, en Actes 23, quand Paul rapporte le complot ourdi contre lui contre lui, il précise que « plus de 40 personnes participent à cette embuscade ».

Pour comprendre le symbolisme du Nouveau Testament, il est indispensable de visiter le 1er Testament. Examinons la scène des tentations de Jésus.  Le récit de l'évangéliste Marc (le premier à avoir été écrit) est très bref, il indique juste qu'après son baptême “L’Esprit poussa Jésus au désert. Pendant 40 jours, au désert, Il fut tenté par Satan”.  Ici il n’est pas question de jeûne, mais de tentation, sans qu'elle soit précisée ; la tentation est une épreuve qui révèle ce qu’il y a  dans le cœur de l’homme.

Reprenant le récit de Marc (chap. 1), l'évangéliste Matthieu (chap. 4), va le développer suivant sa propre cohérence théologique : “Jésus fut conduit au désert par l’Esprit, pour y être tenté par le diable.  Après avoir jeûné 40 jours et 40 nuits ; Il finit par avoir faim ”. Matthieu décrit et interprète donc les tentations de Jésus comme la réplique des tentations d’Israël durant sa marche au désert. Le vocabulaire de la tentation fait partie du langage de l’Exode. Quand Dieu emmène son Peuple au désert pour faire alliance avec Lui, pour en faire son peuple,  Il lui envoie des épreuves afin que ce peuple manifeste son attachement .

Lire par exemple Deutéronome 8, 2 et suivants : « Tu te souviendras de la route que le Seigneur ton Dieu t’a fait parcourir depuis 40 ans dans le désert pour te mettre dans la pauvreté : ainsi Il t’éprouvait pour connaître ce qu’il y avait dans ton cœur, et savoir si tu allais oui ou non observer ses commandements. Il  t’a mis dans la pauvreté, Il  t’a fait avoir faim, pour te faire reconnaître que l’homme ne vit pas de pain seulement mais de tout ce qui sort de la bouche du Seigneur. »

La mention des 40 jours de jeûne de Jésus évoque donc les 40 ans du peuple hébreu au désert. Pourquoi Matthieu insiste-t-il “40 jours et 40 nuits“ ? Cette mention fait sans doute allusion à Moïse séjournant deux fois au Sinaï en présence de Dieu : “Il fut avec  le Seigneur 40 jours et 40 nuits ; il ne mangea pas de pain, il ne but pas d’eau” (Exode 34,28) ; et    de même, après l'épisode malheureux du "veau d’or", Moïse raconte : “Je me suis prosterné devant le Seigneur comme la première fois, 40 jours et 40 nuits, je n’ai pas mangé de pain, je n’ai pas bu d’eau à cause de tous les péchés que vous aviez commis, dans l’attente des paroles du Seigneur.” (lire Deutéronome 9,18)

Jésus lui aussi attend en jeûnant, mais c’est le Tentateur qui se présente... Jésus est ainsi présenté par l'évangéliste Matthieu comme le nouveau Moïse,

• La vie de Moïse est aussi racontée au chapitre 7 du livre des Actes  : Alors qu’il vient d'être arrêté, Etienne se lance dans une longue prédication reprenant l'histoire d'Israël : «  quand il (Moïse) eut 40 ans accomplis l’idée lui vint de se rendre parmi ses frères les Israélites » (7,23).

Puis Etienne poursuit : « au bout de 40 ans un ange lui apparut eu désert du mont Sinaï dans la flamme d’un buisson en feu » (7,30)...  Si l'on se rappelle qu'en Deutéronome 34,7 il est écrit que “Moïse avait 120 ans quand il mourut”, on comprend que la vie de Moïse est voit se succéder trois périodes de 40 ans. Les 40 premières années il est à l’école de Pharaon, dans la seconde période il décide de visiter ses frères et après un meurtre il s’enfuit au désert ; la 3ème période de 40 ans commence au buisson ardent et dure jusqu’à la fin de sa vie. La vie de Moïse est donc elle aussi sous le signe du nombre 40.

 • Enfin dans les Actes des apôtres, il est encore écrit que Jésus “s’est fait voir de ses disciples après  sa mort pendant 40 jours, et les a entretenus du Règne de Dieu” (1,3). Toujours ce nombre de 40 : c’est la durée entre la mort et l’Ascension du Christ,c'est-à-dire sa disparition pour que la  béance de l’absence   se retourne, se convertisse (c’est le même mot) en certitude de sa présence, et que la vie de ses disciples en soit bouleversée.

 

En conclusion, dans la plupart de ces utilisations que nous avons évoquées,  40 est un nombre hautement symbolique : il peut être compris comme un temps d'épreuve ou un temps la purification de l’esprit en vue d'une  confiance retrouvée.

C’est le temps pendant lequel tombèrent les eaux du déluge, pour éliminer de la terre la corruption des premiers humains ; c'est le délai de grâce laissé aux Ninivites pour se repentir ; c'est le temps durant lequel Moïse demeura sur  la montagne de l’Horeb pour y recevoir la loi de Dieu, et le temps qu’il fallut à Elie pour y monter à la rencontre de Dieu.

C’est encore la durée du séjour de Jésus au désert où il affronte le tentateur, et où il en est vainqueur ; une durée évocatrice par ailleurs des 40 ans d’errance du  peuple hébreu au désert, guidé par Moïse et protégé par Dieu : “pendant 40 ans Il leur a assuré la subsistance dans le désert ; ils n’ont manqué de rien” (Deutéronome 9,21).

C'est cette même symbolique que remémorent les 40 jours du Carême chrétien pour inviter à la conversion et à une confiance renouvelée.

Odile BERTRAND

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L'article qui précède est le texte de l'émission
“Un mot de la Bible” sur Fréquence Protestante 100.7 FM
du samedi 10 mars 2012.
 

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