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Qui est le jumeau de Thomas ?

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Le doute de Thomas, 
REMBRANDT van Rijn 1634

Thomas est un disciple de Jésus plusieurs fois mentionné dans l’évangile de Jean, souvent avec l’indication du surnom par lequel il est connu : Didyme, ce qui signifie ”jumeau” en grec. Mais qui donc est l’autre de la paire, l’autre très proche, si proche de Thomas, l’autre qui lui ressemble ? Rien n’est dit dans l’évangile à son sujet. Petite enquête...

Les apparitions de Thomas

Seul l’évangile de Jean s’intéresse autant à Thomas. Dans les évangiles synoptiques, son nom apparaît seulement dans la liste des Douze, les disciples les plus proches de Jésus. L’évangile johannique le fait intervenir dans quatre épisodes importants. Lors de la résurrection de Lazare, Thomas engage les disciples à suivre Jésus en Judée même au péril de leurs vies, car l’hostilité envers Jésus y est violente (Jean 11,16). Pendant le discours d’adieu, Thomas s’intéresse au chemin à prendre pour suivre Jésus et interroge le Maître pour connaître ce chemin (Jean 14,5). Dans l’épilogue de l’évangile, qui travaille le rapprochement des communautés johanniques avec la grande Eglise plus marquée par la figure de Pierre, Thomas est l’un de ceux à qui Jésus apparaît (Jean 21,2).

L'apparition à Thomas

L’épisode le plus connu concernant Thomas est incontestablement sa rencontre avec le Ressuscité, huit jours après le matin de Pâques. En effet, par une circonstance incompréhensible et inexpliquée ou un effet soigneusement prévu par l’auteur de l’évangile, Thomas est absent lorsque, au soir de Pâques, Jésus apparaît à ses disciples enfermés dans une pièce bien close (Jean 20,19-23). La grande nouvelle de la résurrection laisse Thomas incrédule : non seulement il veut voir pour croire, mais il veut également toucher (Jean 20, 24-25). Alors, quand Jésus se rend à nouveau présent à ses disciples, il propose à Thomas de toucher ses plaies, les marques des clous dans ses mains et celle de la lance dans son côté. Si Jésus exhorte Thomas à croire, il ne lui adresse nul reproche, ni sur son absence ni sur son incrédulité. De plus, le texte ne dit à aucun moment que Thomas a touché les plaies de Jésus ; il laisse même entendre que l’apparition de Jésus et sa parole ont suffi pour que Thomas prononce la confession de foi la plus aboutie de l’évangile : « Mon Seigneur et mon Dieu » (Jean 20,29). A cette confession, Jésus répond par une béatitude destinée à ceux qui croiront sans l’avoir vu.

La question soulevée par l’évangile à travers cet épisode peut se formuler ainsi : comment croire au Ressuscité sur la parole des autres, sans l’avoir vu ? Thomas n’a pas pu croire à la véracité d’une expérience qu’il n’avait pas faite lui-même, le témoignage des autres disciples n’a pas suffit à le rendre croyant.

L'apparition du jumeau

Cette situation n’est-elle pas celle de tous les croyants des générations d’après Pâques? Tous, forcément, comme Thomas, ne connaissent la grande nouvelle de la résurrection : « Christ est vivant ! » que par l’annonce que d’autres leur en ont fait. Cette similitude, cette ressemblance entre Thomas et chaque croyant donne une clef de compréhension de son surnom de Didyme, “jumeau”. Chaque croyant qui entend la nouvelle et ne peut la croire sans faire lui-même l’expérience d’une rencontre avec le Ressuscité est le jumeau de Thomas, l’autre de la paire. Thomas représente en quelque sorte un pont, une charnière entre les premiers disciples et ceux à venir, une fonction que préparaient ses interventions précédentes dans l’évangile au sujet de “suivre Jésus”, ce qui est la question et la qualité des disciples de tous temps. Cependant, tout comme les jumeaux ne sont pas seulement semblables mais aussi différents, l’expérience des disciples est différente de celle de Thomas.

Si Thomas a pu rencontrer le Christ face à face, les croyants des générations suivantes le rencontreront tout aussi véritablement. Mais comme il n’y a plus de marques à voir sur un corps, la rencontre s’expérimente à travers une double médiation: celle de l’Esprit et celle de l’évangile, qui se présente non comme écriture à croire mais comme Ecriture pour croire (Jean 20,30-31). C’est ainsi que tous les jumeaux de Thomas sont dits “heureux”.

Dominique HERNANDEZ

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(l'article ci-dessus est paru dans Paroles Protestantes )

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• Une course truquée

• La vie, la mort, l'au-delà... du shéol à la résurrection 

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L'incrédulité de Saint Thomas, 
Le CARRAVAGE 1601-1602

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