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La Bible ..., quelle Bible ? (Introduction)

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D’où vient-elle, quand, pourquoi, comment ?
Une série d'articles proposant une présentation générale de la Bible.
http://etude.biblique.fr
Un livre déroutant
La Bible est un livre déroutant, le Premier Testament en particulier. Livre saint des Juifs et des Chrétiens, on s’attend à trouver plus ou moins un catéchisme, de la théologie et de la morale.
On l’ouvre … et on découvre des histoires. Lointaines, bizarres, peu vraisemblables, avec une morale vieillie ou surprenante, et des récits à faire parfois frémir, voire rougir … Des psaumes, mais difficiles à prier, tant ils sont violents ou ethnocentriques, ou désespérés … Et pour les femmes, le tout est difficile à endurer tant ces textes sont misogynes …

• Un livre déroutant …
Un livre ? En réalité, 66 à 79 livres !

Un peu comme une bibliothèque où se côtoieraient la Chanson de Roland, la Guerre des Gaules de César, Saint Thomas d’Acquin, les récits moyenâgeux des croisades, des poésies de Rabelais, un contrat d’alliance du treizième siècle, des sermons de Bossuet, la Légende des siècles de Victor Hugo, quelques albums d’Astérix, des nouvelles de Marguerite Duras… Ce serait un panorama de l’histoire et de la littérature française, y compris le passage du latin au français, puis les français des 13ème, 16ème, 19ème siècles …
Mais, derrière cette disparité, se dessine une histoire, celle d’un peuple qui s’est construit.

• Prenons une image :
Vous êtes invités aux noces d’or de deux amis. Suite à un incident, vous arrivez très tard, les enfants et les amis sont déjà repartis ... Mais le couple n’a pas envie de dormir, émus par cet anniversaire, ils vous retiennent et vont chercher une grande boîte qu’ils ouvrent devant vous. Ils en sortent et vous montrent précautionneusement des photos de leur mariage, de leurs enfants, des bulletins scolaires (le pire et le meilleur …), des cartes postales (certaines abîmées, comme celle qu’il portait sur lui pendant la guerre), des lettres d’amour et d’évènements, leur sermon de mariage, le poème maladroit d’un petit-fils à Noël, des prières rédigées pour les baptêmes des enfants, un arbre généalogique, le contrat de vente de la maison après vingt ans d’économies et d’espoirs ... Rien de très intéressant pour vous, mais qui pourtant reconstitue devant vous une histoire, la leur, celle d’un amour et d’une famille qui se construit
La Bible, c’est la même chose. La réunion des documents d’une histoire d’amour entre un peuple et lui-même, entre un peuple et la vie, et surtout entre un peuple et son Dieu. Là est la particularité qui a “fait” la Bible : ce peuple-là n’a su se comprendre que dans une relation étroite, essentielle et constante avec son Dieu ; il n’a compris son histoire que comme celle, interactive, de son Dieu avec lui-même. Et il l’a écrit. Sous toutes ses formes : généalogies, poèmes, alliances, règles, récits, lettres, réflexions, prières, plaintes, espoirs, révoltes, auto-admonestations ; comme dans la boîte d’un vieux couple…

• Alors : est-ce une histoire exacte, ou vraie ?
Mais que signifient “exact” et “vrai” ? L’homme du vieux couple finit par montrer en souriant leur “première lettre d’amour” : il s’agit d’un devoir de mathématiques qu’il lui avait transmis une jour que, au lycée, elle était malade. Pourquoi “d’amour” ? Parce que cela fut le début. Et que cela ne s’est compris que beaucoup plus tard … Comme la Bible. Est-il exact que c’était une lettre d’amour ? Non : c’était de l’algèbre. Est-il vrai que c’était une lettre d’amour ? Oui. Un début. Déjà écrite “parce que”…
Cela veut dire qu’une histoire n’a pas besoin d’être exacte au sens scientifique pour être vraie au sens de ce qu’elle dit, du message qu’elle porte et qu’on ne comprend qu’après. Mais pour exprimer ce en quoi elle est vraie (première lettre d’amour…) on ne peut se contenter de son contenu exact (mathématiques…). Pour rendre son sens vrai, il est nécessaire de l’expliquer ou de la réécrire autrement, pour en suggérer déjà les clefs d’interprétation. Ne serait-ce que de dire “c’est ma première lettre d’amour, parce que …’’ Ou bien en embellissant le contenu ou le contexte, afin d’en donner des clefs de compréhension.
La Bible est semblable : l’histoire d’Israël est-elle exacte ? Non. L’histoire est-elle fausse ? Non plus, même s’il est difficile d’établir la part du réel et celle de l’interprété-embelli, ‘’parabolisé’’. C’est cette “parabolisation” qui permet aussi de passer du particulier à l’universel. L’histoire alors est-elle vraie ? Oui, dans la mesure où elle retrace l’histoire d’un peuple, telle qu’il l’a comprise en relation singulière avec son Dieu ; et aussi dans la mesure où ce que dit cette histoire de cette relation nous parle à nous et à notre propre histoire, et peut éclairer notre présent et notre avenir. Devenir vraie pour nous.

Un peu comme ce proverbe plus ou moins chinois : “Quand un sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt”. Il en est de même pour les paraboles ou les miracles : on a tendance à regarder le doigt avec suspicion, c’est à dire la matérialité du miracle ou de l'histoire, au lieu de regarder la lune, c’est à dire ce qu’ils évoquent ou désignent …
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Reste à comprendre qui l’a écrite, quand et pourquoi ? …

Jean-Paul MORLEY


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C'est le sujet de l'article suivant de cette série
qui reprend un cycle d'initiation animé en 2005
par Jean-Paul MORLEY, pasteur à Boulogne-Billancourt.
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