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Qu’y avait-il entre Jésus et Marie-Madeleine ?

—-Disciple ou compagne ? Amante ou servante ? L’actualité cinématographique et littéraire récente a présenté des portraits de Marie-Madeleine bien plus précis et détaillés que ceux des textes bibliques, nourrissant un attrait qui ne se satisfait pas des rares données évangéliques.
—-Au petit nombre d’éléments bibliques disponibles, s’ajoute un certain flou quant à l’identité et au rôle de cette femme dont la fascination sur l’imaginaire ne faiblit pas au cours des siècles.


Quelle Marie ?

—-Les textes évangéliques témoignent de la présence autour de Jésus de plusieurs femmes nommées Marie. Outre Marie de Magdala (ville située au bord du lac de Gennésareth et dont le nom est francisé en “Madeleine”) et Marie la mère de Jésus, il est question dans les évangiles synoptiques d’une Marie qui est mère de Jacques et de Joseph. Luc présente Marie sœur de Marthe, sans préciser, comme le fait l’évangile de Jean, qu’elles sont du village de Béthanie et qu’elles ont un frère appelé Lazare. L’évangile de Jean cite également une autre Marie, femme de Cléopas.
Si dans le quatrième évangile, Marie de Béthanie oint de parfum les pieds de Jésus, l’évangile de Luc attribue l’onction à une femme pécheresse que rien ne permet d’identifier à Marie de Magdala, laquelle n’apparaît dans le récit qu’au chapitre suivant. Or un glissement s’est produit entre ces trois femmes jusqu’à les confondre, vers la fin du 6ème siècle, pour faire de Marie de Magdala une Marie-Madeleine archétype de la femme pécheresse et repentie.

Un portrait à peine esquissé

—-Luc s’accorde avec Marc pour désigner Marie de Magdala comme ayant été possédée par sept démons et guérie par Jésus ; il la nomme en premier parmi les femmes qui accompagnent et assistent Jésus (Luc 8,2). Il est ainsi le seul à la mentionner avant les récits de la crucifixion. Mais les témoignages évangéliques sont unanimes pour affirmer la présence de Marie de Magdala et d’autres femmes lors de la mort de Jésus (Matthieu, 27,56 ; Marc 15,40 ; Luc 23,49 ; Jean 19,25).
—-Tous les évangélistes s’accordent également pour reconnaître que Marie de Magdala s’est rendu au tombeau, seule ou avec d’autres femmes, et a reçu la première l’annonce de la résurrection. Une brève note de l’évangile de Marc (Marc 16,9), mais surtout le beau récit de l’évangile de Jean (Jean 20,1-18) reconnaissent que c’est à elle qu’apparaît d’abord le Ressuscité et que c’est elle qui a annoncé la résurrection aux douze disciples incrédules.

Un portrait gommé ou accentué…

—-Rivalité masculine ? Question de prééminence dans l’Eglise primitive qui n’était pas toute unie ? Les témoignages bibliques sont rares sur cette femme pourtant proche de Jésus et fortement associée à l’événement pascal. Il faut de plus relever que l’apôtre Paul ne la mentionne pas dans la liste de ceux qui ont vu le Ressuscité (1 Corinthiens 15,5-8).
Avant d’être utilisée, manipulée, maquillée à des fins plus ou moins ésotériques ou commerciales, la figure de Marie de Magdala a été reprise très tôt dans des textes divers, évangiles apocryphes ou autres traités, figure forte et vertueuse, en grande communion avec le Christ, et en butte à l’hostilité des disciples, particulièrement de Pierre.

—-Si les autres femmes sont identifiées par le nom de leur époux ou de leur fils, Marie de Magdala l’est par le nom d’un lieu. Elle n’est pas liée à un homme. Elle est si libre de contrainte que cette liberté déborde sur le lecteur : l’attachement de Marie à Jésus peut alors être investi, outre la foi, de tous les sentiments humains. Mais l’esquisse n’est complétée que de ce qui est déjà présent en celui ou celle qui prend le pinceau. Alors sur le portrait à peine ébauché, l’imagination se charge d’accentuer des traits de femme ou d’apôtre, d’appliquer des couleurs de scandale ou de vertu, de porter des ombres de khol ou de contrition.
—-Cependant, quel que soit le destin qu’on lui attribue, une chose traverse les textes, le temps, les esprits, et demeure : la fidélité de Marie à celui qui était devenu un jour son Maître (Jean 20,16).

Dominique HERNANDEZ

(article paru dans La Voix Protestante de décembre 2005)

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En lien avec cette article, on lira avec intérêt :
• Le dossier biblique et gnostique de la question.
• Le billet humoristique et pertinent d'un frère dominicain.

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